"Le Snof a pris connaissance avec interêt, mais aussi avec la plus grande circonspection, des recommandations de la mission IGAS-IGESR sur la filière visuelle, tant les mesures sont nombreuses, mais également contradictoires et parfois (déstabilisantes) dangereuses pour l’avenir de la filière visuelle.
Si l’on peut se féliciter des mesures de soutien à la démographie médicale et au travail en équipe, même si elles sont déjà programmées pour la plupart, le Snof ne comprend pas la confusion constamment introduite entre les compétences des opticiens et des orthoptistes, deux professions aux missions profondément différentes et complémentaires, l’une évoluant clairement dans un champ commercial soutenu fortement par la publicité, l’autre dans le soin. L’idée d’un cursus commun interroge sur sa pertinence, notamment pour le master et la pratique avancée. Envisager une primo-prescription de lunettes au niveau licence pour les opticiens et les orthoptistes est aussi incompréhensible dans l’échelle des formations de santé et de leur responsabilité vis-à-vis des patients. Le cumul prescription-vente doit continuer à être fermement exclu.
Promouvoir la télémédecine dans les magasins d’optique comme le fait la mission est choquant et cette hypothèse a été rejetée à une écrasante majorité par les ophtalmologistes lors d’une récente consultation. Ce n’est pas en multipliant les potentiels compérages et conflits d’intérêt que l’on va améliorer la situation sanitaire.
Ce premier recours laissé ainsi aux opticiens entrainerait inévitablement une perte de chance pour les patients, car ils qui pourraient ainsi se sentir faussement rassurés sur leur bonne santé oculaire.
Après la baisse imposée du numerus clausus ophtalmologique, contre laquelle les ophtalmologistes ont toujours lutté, les tutelles ne doivent pas, une nouvelle fois, prendre la responsabilité d’altérer fortement la qualité du suivi de la santé visuelle de nos compatriotes.
Les délégations vers les opticiens dans le cadre des renouvellements d’ordonnances de lunettes et de lentilles de contact ont été renforcées récemment avec le 100% Santé, elles doivent d’abord être utilisées à leur plein potentiel.
Il faut rappeler que la France est déjà le pays en Europe qui délivre le plus d’équipements optiques, de bonne qualité, qui plus est. Nous avons également d’excellents résultats sanitaires en matière de soins visuels (glaucome, cataracte, DMLA…). Les problèmes de délai de RDV sont en amélioration depuis quelques années. Nous sommes persuadés que c’est la montée en charge progressive des mesures mises en route depuis plusieurs années, associées à leur renforcement dans les zones sous-dotées, qui permettront de les réduire plus.
Cette mission de l’administration a par ailleurs été rendue avant la pandémie de Covid-19 qui a montré l’importance de la prise en charge médicale. Les ophtalmologistes ont répondu présent durant cette période, mais aussi depuis le déconfinement. Depuis le 11 mai, le marché de l’optique français est reparti sur un rythme très élevé, plus que dans les autres pays, démontrant que les fondamentaux de la filière visuelle sont bons.
Ne galvaudons pas la santé visuelle de nos compatriotes. Le renforcement des équipes médicales doit être la priorité. »