Le site des ophtalmologistes de France
A peu près aux mêmes époques qu'en Egypte, se developpaient dans le Moyen Orient en Mésopotamie, la médecine et sa spécialité l'ophtalmologie. Il y eut sans doute des contacts entre ces deux régions car nous savons qu'il existait entre elles, depuis des temps reculés, des rapports diplomatiques, commerciaux et militaires. Quoi qu'il en soit, si les sources figurées sont moins fréquentes, en revanche les textes médicaux découverts sur des tablettes sont nombreux.
Les akkadiens distinguaient plusieurs classes de médecins ceux qui assuraient la guérison par des remèdes (Sipîr bêl imti), ceux qui opéraient avec le bistouri (urti maemassê) autre terme (sigur bel unitis) et les prêtres conjurateurs et magiciens.
Le rôle de la magie paraît avoir été en général plus important en Mésopotamie qu'en Egypte pour le traitement des maladies.
L'étiologie de ces affections peut être indiquée comme provenant d'un "spectre magique", mais surtout de conditions météorologiques vent de sable, sécheresse, poussière et pollens, essentiellement comme étiologie des conjonctivites. L'oeil est alors décrit comme étant rouge, larmoyant et sanguinolent. Dans les affections hépatiques, sa couleur est jaune. Ils notent aussi les troubles de la vision (cécité passagère, voile, étincelle, éblouissements ou lueurs) et signalent enfin la présence de pustules sur le globe oculaire, de granulations ou de bourgeonnements sur les paupières.
La pharmacopée est riche, le médecin utilise des onguents (à base de pétrole) des instillations et des bains oculaires.
Parmi les produits qu'il prescrit, outre un certain nombre d'ingrédients végétaux dont le styrax (famille des plantes dicotylédones) est de beaucoup le plus fréquent, on notera l'emploi de corps gras, seul ou en excipient, et l'usage de substances minérales : sel, cuivre et dérivés, antimoine, arsenic, oxyde de zinc et de fer.
Parfois il est recommandé au malade de ne pas s'exposer au vent durant le traitement, ou, dans le cas d'éblouissements, de demeurer " dans une pièce obscure, dont on aura condamné la porte ".
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En 1902, on découvrit une stèle de basalte de deux mètres de haut. Elle représentait Hammourabi, grand roi de Babylone, recevant le Shamash, les trois cents lois qui lui valurent l'immortalité.
La chirurgie est un des chapitres de la médecine akkadienne qui nous est le plus mal connu. Nous savons par le Code HAMMOURABI (2000 av. JC) que les chirurgiens de cette époque remettaient fort adroitement en place les membres brisés et qu'ils n'hésitaient pas à tenter de graves opérations dont dépendait parfois la vie même de leur patient. Mais nous ignorons presque tout de leur méthode. Leur art, en effet, s'il exigeait de sérieures connaissances anatomiques, n était pas une science qui s'apprend dans les livres. C'était par l'expérience clinique que le jeune médecin s'initiait aux secrets opératoires de son maître. Seuls de rares passages où il est incidemment question " du couteau de bronze, de la lancette ou du bistouri " peuvent nous permettre d'entrevoir le chirurgien dans l'exercice de son art .
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La question du traitement chirurgical de la cataracte est encore discutée. Cette question provient de l'interprétation d'un terme médical cité dans deux célèbres paragraphes du code d'HAMMOURABI. Ces deux articles sont inscrits sur la grande stèle de ce code, conservée au Louvre et trouvée à SUSE où elle avait été transportée dans l'Antiquité.
Sur la partie inférieure, était gravé le texte d'une jurisprudence concernant les devoirs et les droits des médecins.
Voci ces textes, situés à l'article 215 et suivants :
" Si un médecin, traitant un homme libre pour une grave affection au moyen du bistouri, réussit à le guérir, ou bien si, en ouvrant le nakaptu au moyen d'un bistouri, il lui guérit son oeil, il recevra dix sicles d'argent ". Cette somme correspond à 84 grammes d'argent. Cependant les honoraires sont proportionnels à la qualité du patient. S'il appartient à une classe un peu inférieure, il ne paye que cinq sicles.
L'article 218 précise :
" Si un médecin, traitant un homme libre pour une grave affection au moyen du bistouri, provoque la mort de cet homme, ou bien si, en ouvrant le nakaptu au moyen du bistouri, il lui fait perdre son oeil, on coupera la main du médecin ".
C'est le terme "nakaptu" qui donne lieu à quelques interprétations différentes. On l'a traduit par cataracte puis par taie, ou dacryocystite. Un spécialiste de cette question, M. LABAT, pense plutot à arcade sourcillière ou à une tuméfaction périoculaire ou orbitaire incisée ou enlevée.
Néanmoins, et malgré l'avis de LABAT, il semble établi qu'il s'agisse de la cataracte opérée par abaissement. D'autant plus que le texte d'une tablette, malheureusement brisée, dit ceci
" Si d'un homme l'oeil droit ou gauche est recouvert d'une ombre, avec le bistouri..."
La tablette est interrompue à cet endroit, mais l'indication de l'opération est certaine.
Un autre texte montre que la cataracte était traitée médicalement:
" Si un homme les yeux sont recouverts d'une ombre et que la vision lui soit difficile, pour enlever le blanc qui est sur la pupille..."
suit alors une thérapeutique médicale.