Les cachets gallo-romains d'oculistique
Le Dr Voinot nous présente un nouvel ouvrage (novembre 1999) dans lequel il décrit les 314 cachets d'oculistique connus en France.
- Editions Monique Mergoil. Impression numérique.
- Librairie archéologique BP10, 345300 Montagnac / France.
- tel (33). (0)4.67.24.02.48 fax:(33). (0)4.67.24.14.39
Présentation des cachets
Ce sont des pierres de stéatite verte qui étaient gravées par des oculistes gallo-romains pour soigner les maladies des yeux. Leurs fonctions exactes restent assez mystérieuses. On retrouvait dessus différents éléments:
- le nom de l'oculiste
- le nom du collyre prescrit au patient
- la maladie pour laquelle il était prescrit
- le mode d'utilisation du produit.
Nous vous présenterons cet exemple de cachet (cliché Voinot) :
L(vcii) POMP(ei) NIGRINI ARPASTON
AD RECENT(em) LIPPITVDINE(m)
OD(i) ENT(em) DIE(m) EX OVO
Cela signifie:
“Collyre Asparton (à l'ambre) de Lucius Pompeius Nigrinus contre l'ophtalmie récente qui donne une photophobie, à diluer dans du blanc d'oeuf.”
Il y a encore beaucoup d'inconnus sur l'utilisation et les oculistes de l'époque. On ne sait pas pourquoi on n'a pas retrouvé de tels objets pour d'autres maladies, par exemple. Les oculistes étaient-ils à à part dans la profession ? Certaines traduction sont encore incertaines et plusieurs interprétations sont possibles.
L'aire géographique de découverte correspond grossièrement, pour ces tablettes de pierre, à la vallée du Rhône, au Nord-Est de la Gaule, à la Germanie, aux îles britanniques, ce qui situerait plutôt leur diffusion largement à la fin de la conquête romaine. Mais l'origine des oculistes, leur groupement en écoles de zone d'influence variable, le niveau social des malades traités et même leur fonction (il pourrait s'agir de militaires), l'origine même de la pierre utilisée comme support des inscriptions sont autant de problèmes à résoudre.
Dans le cadre du Festival du film de chercheur qui se déroule actuellement, découvrez dans cette vidéo les travaux de Muriel Labonnelie, spécialiste de médecine gréco-romaine. Lauréate de l'édition 2015, elle avait remporté la réalisation d'un film produit par CNRS Images.
Muriel Labonnelie, chercheuse en histoire de la médecine gréco-romaine au Laboratoire d’Archéologie Moléculaire et Structurale (LAMS) nous fait découvrir son travail sur les cachets à collyres, souvent appelés cachets d'oculistes. Suite à la découverte d'un 346e spécimen, lors d'une fouille préventive, dans un dépotoir utilisé au IVe siècle à Lyon, elle retrace l'histoire de cet artefact et nous explique son rôle et ses caractéristiques dans l’Antiquité gréco-romaine. Les collyres se présentaient sous forme de « petits pains » solides : on dissolvait une petite portion de ces « petits pains » au moment de les administrer. Les cachets à collyres présentent des inscriptions gravées en caractères rétrogrades sur leurs petites faces : ils servaient à estampiller les remèdes.
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