Le site des ophtalmologistes de France
Portrait de Jacques Daviel, huile sur toile, collection particulière
La Bibliothèque InterUniversitaire de Médecine a numérisé de très intéressants ouvrages:
Il s'agit de :
* Lettre de M. Daviel à M. de Joyeuse (extraite du Mercure de France, 1748)
* Réponse de M. Daviel à la lettre critique de M. Roussilles (extraite du Mercure de France, 1748)
* Lettre à M. le marquis de *** sur les opérations de la cataracte (Paris, 1751)
Il faut noter l'important nouveau manuscrit inédit de Daviel découvert en 2004
Nous remercions le Professeur Yves Pouliquen qui nous a permis d'évoquer ici son livre qui vient de paraître (Editions Odile Jacob / 1999) et qui retrace la vie du premier ophtalmologiste qui réalisa une extraction de cataracte, Jacques Daviel.
Nous ne ferons que parcourir rapidement la vie de ce chirurgien né le 11 août 1693 et qui réalisa la première opération de cataracte moderne dans l'année 1745.
En ces temps, il faut savoir que le médecin considère le chirurgien comme un subalterne parfois utile. Ce dernier, d'ailleurs, "vient de bien bas". Ils s'opposèrent souvent sur des avancées de la Science, par exemple les chirurgiens furent enthousiastes pour les travaux de Harvey qui découvrit la circulation sanguine, alors que les médecins s'y opposaient.
Jacques Daviel put apprendre l'anatomie à l'Hotel-Dieu à Paris, puis décida, en 1720, d'aller soigner les marseillais qui luttaient contre la peste, maladie gravissime qui tua la moitié de la population de la ville. C'est donc à l'automne 1720 qu'il quitta Paris et se dirigea vers Marseille, accompagné d'une vingtaine de confrères volontaires.
Quelques mois plus tard il fut envoyé à Toulon, touché également par la peste, où 300 personnes mourraient chaque jour. Le nombre incroyable de rats présents dans les villes, permettaient la propagation de la maladie par l'entremise des puces. Il faudra attendre 1894 et la peste du Tonkin pour que Yersin découvre le bacille de la peste qui, depuis, porte son nom.
Le 12 août 1722 Daviel reçut solennellement, de la main des échevins, la maîtrise de chirurgie.
Après différentes vicissitudes, l'inclination de Daviel pour l'ophtalmologie apparut en 1734. On pense qu'il a sans doute vue à Marseille le chevalier Taylor, anglais de grande réputation qui pourtant a souvent été considéré comme un grand tricheur.
Le 9 octobre 1734 il se lança dans sa première intervention ophtalmologique en réopérant un malade qui avait subi un abaissement du cristallin et n'y voyait pas. Par ailleurs ce patient présentait une forte douleur de l'oeil, à cause d'un glaucome aigu secondaire à la première intervention. Ce fut un succès et le second abaissement fait par Daviel permit au patient de voir et de ne plus avoir mal.
A la suite de diverses péripéties, il se retrouva chirurgien sur les galères du roi, ce qui lui permit de réaliser de nombreuses dissections, car les morts étaient fréquents sur les galères. Puis il fut appelé à la Cour du Portugal pour y opérer de la cataracte différentes personnalités.
Et c'est en 1745 qu'il eut l'occasion de réopérer un ermite d'Aiguilles et qu'il essaya d'évacuer la cataracte en ouvrant la cornée, dans sa partie inférieure, avec de petits ciseaux. L'opération se passa bien et permit l'évacuation de morceaux de cristallins, mais cela se termina mal par la perte de l'oeil à cause d'une infection. A cette époque on ne connaissait ni les antibiotiques ni les anesthésiques.
Son installation à Paris lui permet d'accéder à une importante clientèle et il opère de nombreuses cataractes, en améliorant progressivement la technique opératoire. Il l'applique plus de soixante fois "sans qu'il en soit résulté le plus petit incident". Mais il continue également d'utiliser la méthode ancestrale de l'abaissement.
Il put devenir chirurgien du Roi Louis XV, mais plusieurs chirurgiens s'opposèrent à cette nouvelle technique opératoire. Malgré tout la gloire arriva sur lui et il fut reconnu dans tout le royaume comme un grand chirurgien ophtalmologiste.
Il passa plusieurs années encore à opérer "il a toujours la main bonne" et mourut le 30 septembre 1762, à l'âge de 69 ans, ce qui était remarquable à l'époque.
Nous citerons la dernière phrase du livre du Professeur Pouliquen:
"En est-il tellement dont on puisse faire précéder leur nom des prépositions avant et après pour désigner deux périodes du savoir des hommes ?"
Stèle de Jacques Daviel, mort en 1762 à Genève
inhumé "en terre catholique française"
sur ordre du Comte de Montpéroux représentant du Roi de France Louis XV
Cimetière de la paroisse St Hippolyte, au Grand-Saconnex