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Dystrophie de Best en "oeuf sur le plat"
La maladie de Best (Best's disease) est une dystrophie maculaire génétique bilatérale, encore appelée dystrophie vitelliforme juvénile, qui entraîne une baisse tardive de la vision.
Elle a été décrite la première fois en 1883 par Adams, puis en 1905 par Friedrich Best (1871-1965).
On peut découvrir l'anomalie par hasard chez des enfants ou à l'occasion d'un bilan familial. On est souvent étonné de la discordance qu'il y a entre le peu de signes fonctionnels et l'importance des lésions anatomiques.
Il s'agit aussi parfois d'adultes qui se plaignent d'une baisse d'acuité visuelle. L'examen met en évidence une tâche jaune au niveau de la macula, avec un aspect de "jaune d'oeuf sur le plat" (egg-yolk). Les deux yeux peuvent présenter des lésions différentes.
Ceci correspond à l'accumulation de matériel de lipofuschine (periodic acid-Schiff positive) au sein de l'épithélium pigmentaire (EP) et en dessous de cet EP. Il semble que l'anomalie touche d'abord l'EP avant d'altérer les photorécepteurs.
Il existe des formes à disques vitelliformes multiples.
L'aspect typique de l'électro-oculogramme (EOG) avec un rapport d'Arden inférieur à 1,5 fait le diagnostic.
L'EOG peut être anormal alors qu'aucune lésion rétinienne n'est encore apparue.
Lors de l'angiographie on note d'abord une auto-fluorescence du disque, qui va apparaître sombre après l'injection, avec une légère imprégnation aux temps tardifs. L'ERG est normal et la dyschromatopsie d'axe bleu-jaune.
On doit différencier la maladie de Best de :
1) Au stade prévitelliforme, quand il n'y a pas la lésion rétinienne, la vision est très bonne.
2) Au stade de disque vitelliforme, l'acuité visuelle diminue souvent un peu.
3) Après cette phase vitelliforme typique, on assiste à une fragmentation du matériel avec apparition d'un aspect "oeuf brouillé". La vision baisse nettement à ce moment.
4) Les éléments de la formation vont alors sédimenter et donner une image de pseudo-hypopion avec niveau liquide.
5) L'atrophie de la région maculaire termine l'évolution, qui peut parfois se compliquer de néovascularisation sous-rétinienne, avec scotome central majeur.
Cette évolution n'est pas obligatoire, et parfois aussi les patients peuvent sauter des étapes.
Cette maladie est autosomique dominante de pénétrance variable. On note une grande variabilité phénotypique.
Le gène VMD2 (Vitelliform Macular Dystrophy) a été localisé en 11q13.
Petrukhin en 1998 proposa le terme de bestrophine pour la protéine codée par le gène. On ne sait pas quel est son rôle. Il a toutefois été spéculé qu'elle pourrait intervenir dans le recyclage de l'acide docosahexaenoïque (un des acides gras intervenant dans la composition des phospholipides membranaires des segments externes des photorécepteurs), une fonction qui est assurée par l'EP. En effet, l'expression est majoritaire dans l'EP et dans le testicule. Dans ce dernier organe, comme dans la rétine, on trouve une forte proportion d'acide docosahexaenoïque dans les membranes.
Maladie de Best
Actuellement, il n'y a pas de traitement de la maladie de Best.
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