Le site des ophtalmologistes de France
Ixodes ricinus (femelle) photo#1
Le SNOF (Syndicat National des Ophtalmologistes de France) remercie beaucoup :
Il s'agit d'une infection due à un spirochète appelé Borrelia, transmis par une piqûre de tique et qui entraîne, sans traitement, des troubles pathologiques divers (dermatologiques, arthritiques, cardiaques, neurologiques et parfois oculaires). Ce spirochète est similaire à celui qui donne la syphilis; d'ailleurs sur le plan sérologique les deux maladies donnent des réactions croisées.
C'est la maladie à vecteur la plus fréquente aux USA et dans certains pays tempérés de l'hémisphère Nord.
Dès 1883 Alfred Buchwald décrivit en Allemagne, à Breslau, une maladie de la peau que l'on appelle maintenant l'acrodermatite chronique atrophiante.
En 1910 le dermatologue suédois Arvid Afzelius décrivit une lésion dermatologique en forme d'anneau, et pensa que cela était dû à une tique Ixodes.
Au milieu du XXème siècle on discuta l'association des différents symptômes (problèmes neurologiques, troubles cutanés, signes neurologiques) en une seule entité.
C'est en 1975 qu'on s'aperçut de l'augmentation nette d'arthrites inflammatoires près d'une ville du Connecticut : Lyme.
Au début des années 80 un entomologiste du nom de Willy Burgdorfer, MD, Ph.D, cherchait sur la côte du nord-est des États-Unis la présence de rickettsies dans des tiques. Il découvrit finalement des spirochètes dans le tube digestif des tiques Ixodes dammini.
Burgdorfer, en 1982, établit que ces spirochètes sont à l'origine de la maladie de Lyme.
W.Burgdorfer, A. Barbour, S. Hayes, J. Benach, E. Grunwaldt and J. Davis.
Lyme disease-a tick-borne spirochetosis? In Science,1982, pp. 1317-1319
Il s'agit d'une maladie transmise à l'homme par une piqûre de tique du genre Ixodes.
Ce terme Ixodes provient du grec ixodès( ) qui signifie gluant; la glu était une colle issue des baies du gui appelé ixos (). Cela évoque la fixation importante de la tique sur son hôte, car on a toujours du mal à retirer la tique.
Les tiques en cause sont différentes selon les zones :
Ixodes ricinus femelle et nymphe photo#2
La femelle pond ses oeufs dans un abri du sol et les larves éclosent environ un mois plus tard.
La larve attend deux à trois semaines pour rechercher un hôte, un animal ou occasionnellement l'homme. Elle se nourrira de son sang une seule fois, en un repas de trois à cinq jours.
Elle se transforme ensuite en nymphe dont le comportement est semblable à celui des larves : recherche d'un hôte deux à trois semaines après l'éclosion, repas unique qui dure quatre à cinq jours. Le "repas", achevé, la nymphe se détache de l'hôte.
Après trois à cinq mois, les nymphes muent et se transforment en tiques adultes sexuées au bout de 3 à 5 mois. Seules les femelles se nourrissent alors du sang d'un animal ou d'un homme.
La piqûre peut donc venir de la larve, de la nymphe ou des femelles.
L'agent responsable est une bactérie, un spirochète (du radical spire, et du grec khaité "long cheveux, crinière"). Cette bactérie est mince et longue, caractérisée par des mouvements de rotation et de translation. Elle mesure de 4 à 30 microns de long, d'un diamètre de 0,18 à 0,25 microns.
Plusieurs espèces de borrélies, actuellement désignées sous le terme de groupe burgdorferi ou Borrelia burgdorferi sensu lato, sont impliquées dans cette infection. Trois de ces espèces sont pathogènes pour l'homme.
On retrouve une spécificité d'impact :
- B. burgdorferi senso strictu dans les manifestions arthritiques
- B. garinii dans les manifestations neurologiques
- B. afzelii dans les manifestations cutanées tardives: l'acrodermatite chronique atrophique.
Après la morsure indolore de la tique, le spirochète diffuse dans la peau et, par l'intermédiaire de la salive de la tique, parfois dans le sang et les tissus, et va alors entraîner une maladie protéiforme qui doit être rapidement traitée par antibiotiques.
La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, classée actuellement maladie émergente, semble en progression aux USA, et ce, en dépit des difficultés de diagnostic.
Aux Etats-Unis, environ 10.000 cas sont déclarés annuellement dont 90% rapportés de 140 comtés situés sur la côte nord-est, notamment des états du Massachussets, Rhode Island, New-Jersey, Maryland, Pennsylvanie et New-York ainsi que deux états à l'ouest des grands lacs, Wisconsin et Minesota.
En Europe les taux d'incidence varient de moins de 5 pour 100.000 habitants en Irlande à 300-350 en Autriche, pays qui déclare actuellement la plus forte incidence.
En France l'incidence moyenne serait, selon une étude faite à partir d'un réseau de médecins sentinelles, de 16,5 pour 100.000 (Dournon et coll.1989).
En Belgique, on décrit plus de 500 nouveaux cas de borréliose caractérisée chaque année (Godfroid et al., 1995).
Les taux d'incidence en Europe semblent présenter un gradient croissant d'ouest en est, bien que des poches de forte endémie puissent s'observer dans des régions de faible ou moyenne endémie, ainsi en France 40 cas pour 100.000 habitants ont été observés dans le Berry-Sud (Christian et coll.1996).
La distribution de la maladie est en relation directe avec celle du vecteur qui requiert un biotope tamponné et frais, le plus souvent forestier. Des études récentes (Gilot et coll.1996) ont mis en évidence qu'en France le vecteur se rencontre sur l'ensemble du territoire à la seule exception d'une bande côtière méditerranéenne et des reliefs (zones au dessus de 1000-1200m). On pense qu'en France, comme dans les autres pays du sud de l'Europe tels que l'Espagne, l'Italie et la Grèce, le taux d'incidence de la maladie présente un gradient décroissant nord-sud, même s'il n'est pas aussi marqué que dans ces pays, plus méditerranéens que le nôtre.
Phase primaire, localisée :
Après une incubation de 2 à 32 jours, on assiste à l'apparition d'un
Phase primo secondaire
Parfois des signes généraux sont présents, avec de la fièvre, une asthénie, un malaise général, alors que l'erythema migrans est toujours visible.
Phase secondaire :
Elle est liée à une diffusion de certaines souches dites "invasives".
C'est parfois à ce stade que la maladie se révèle.Une fièvre inconstante s'accompagne de symptômes associés de façon variée.
a) Manifestations cutanées
C'est l'érythème chronique migrant (ECM) multiple qui siège sur l'ensemble du corps à l'exception des paumes et plantes. On voit plusieurs lésions ayant l'aspect de l'ECM du départ, ceci évoluant en poussées successives.
b) Manifestations cardiaques
Rares en Europe, elles sont principalement des troubles de la conduction (blocs auriculo-ventriculaire, sino-auriculaires ou intra-ventriculaires), plus rarement des péricardites ou des myocardites.
Un électrocardiogramme est donc systématique chez les patients.
c) Manifestations rhumatologiques
La maladie de Lyme a d'abord été appelée 'arthrite de Lyme' car ce sont ces manifestations qui ont déclenché l'enquête étiologique.
d) Manifestations neurologiques
C'est souvent le mode de révélation de la maladie.
e) Manifestations oculaires
Elles sont peu fréquentes :
Phase tertiaire:
Cette phase est caractérisé par la chronicité des lésions. Le diagnostic est assez difficile en dehors de lésions typiques comme la maladie de Pick-Herxheimer, et on aura plus une présomption qu'une certitude. L'amélioration sous antibiotique sera un bon élément en faveur du diagnostic.
a) Manifestations cutanées
b) Manifestations rhumatologiques
Ce sont des arthrites évoluant sans rémission, pendant de longs mois ou années. La douleur est en général modérée. Cette arthrite (souvent du genou) est le plus souvent isolée. La radio met en évidence une hypertrophie synoviale et un épanchement.
c) Manifestations neurologiques
Encéphalomyélites :
Le diagnostic s'égare parfois et fait évoquer des pathologies autres : sclérose en plaques, lupus, Alzheimer... La fièvre, les maux de tête et la fatigue générale peuvent souvent faire évoquer des affections virales. Inversement, et beaucoup plus fréquemment, des affections neurologiques ou arthropathiques peuvent être rattachées, par erreur, à une maladie de Lyme.
Il faut donc bien insister sur les points de diagnostic positif :
il faut :
1- retirer la tique le plus vite possible, en particulier avant les 36 premières heures de fixation
2- éviter d'appliquer tout produit (éther, …) qui risque de faire régurgiter la tique et d'accroître ainsi le risque d'infection.
3- la tirer au plus près de la peau, ce qui en général se réalise mieux à l'aide de pinces fines
4- éviter le contact direct des doigts avec la tique ou son régurgitat, car de petites blessures aux doigts favorisent la pénétration des germes
5- toujours faire suivre d'une désinfection à l'alcool le point de piqûre après arrachage .
6- conserver la tique pour identification car toutes les tiques qui piquent l'homme (notamment celles qui se fixent au niveau du cuir chevelu) ne sont pas les vecteurs de la borréliose de Lyme.
1) Préventif :
En matière de prévention chez l'homme, il est conseillé, en cas de pénétration dans une zone à tiques :
En cas de présence de tiques dans une propriété privée, il est indiqué, outre les conseils ci-dessus, de maintenir une herbe courte et d'empêcher la circulation des cerfs, chevreuils, daims, sangliers, etc., grands pourvoyeur de tiques.
En matière de prévention des animaux, qui peuvent eux aussi souffrir de maladie de Lyme, les conseils doivent être pris auprès des vétérinaires.
Pour les animaux familiers (chats, chiens, chevaux...) prévoir des poudres anti-tiques pour éviter l'installation de ces parasites.
Faites examiner les animaux s'ils vous semblent malades (pertes d'appétit, léthargie, vomissements)
La vaccination
Le vaccin, commercialisé en 1999 aux Etats-Unis par développé par la firme SmithKline Beecham (LYMErix), ne protège que contre la seule espèce pathogène présente aux Etats-Unis, B.burgdorferi, et pas contre les deux autres qui circulent en Europe, I.garinii et I.afzelii.
Son administration ne concerne que les personnes entre 15 et 70 ans et son efficacité (85%) n'est acquise qu'après la troisième injection (les deux premières se font à un mois d'intervalle, la troisième 12 mois après la première).
2) Curatif :
Différents antibiotiques sont efficaces :
Phase primaire
Les bêtalactamines sont fréquemment utilisées car elles diffusent bien dans tous les tissus. Les réactions allergiques qu'elles entraînent parfois peut gêner leur administration. Le traitement sera par exemple l'amoxicilline de une à trois semaines.
Macrolides et tétracyclines peuvent être utilisés à la place des bêtalactamines, pendant au moins quinze jours.
Phase secondaire et tertiaire
Les céphalosporines de troisième génération sont utilisées, en n'excédant pas trois semaines.
F. CHRISTIANN, P. RAYET, 0. PATEY AND C. LAFAIX. (1996).
Epidemiology of Lyme Disease in France - Lyme Borreliosis in the region of Berry Sud - A six year retrospective. In Europ. J. Epidemiol., pp. 479-483.
The purpose of this epidemiologic retrospective is to recognize the endemic nature of Lyme
borreliosis in 'Berry', region of France, Fifty-nine cases have been reported here during the
Past six Years (1988-1994). An erythema migrans (EM), or a late manifestation concurrent
with positive ELISA-test represents the main inclusion criterion (case definition used by the
CDC). The results reveal a high incidence considering the limited information available in
France. The farmer has been found to be mainly at risk, with EM being observed in 49% of
cases. In general, late manifestations are rarely described. Peripheral neurological
manifestations occur more frequently than those reported in the USA. The steps taken as a
result of our study of Lyme disease are in accordance with the recommendations of the
World Health Organization. [References: 171
E. DOURNON, S. VILLEMINOT AND B. HUBERT. (1989).
La maladie de Lyme en France : enquête réalisée auprès d'un réseau sentinelle de médecins généralistes. In Bull. Épidémiol. hebd., pp. 185-186.
B. GILOT, B. DEGEILH, J. PICHOT, B. DOCHE AND C. GUIGUEN. (1996).
Prevalence of Borrelia burgdorferi (sensu lato) in Ixodes ricinus (L.) populations in France, according to a phytoecological zoning of the territory. In Eur. J. Epidemiol. 395-401, pp. 395-401.
Serveur Génétique Moléculaire de l'Institut Pasteur, Paris
Unité de Pharmacologie Cellulaire et Moléculaire, Université Catholique de Louvain, Bruxelles
Maladies transmises par les tiques
De très nombreux sites américains sont consacrés à cette maladie, par exemple:
Lyme Disease (CDC d'Atlanta) site de référence en infectiologie