Le site des ophtalmologistes de France
Alors je vis: au milieu du trône et des quatre animaux, au milieu des anciens,
un agneau se dressait qui semblait immolé. Il avait sept cornes et
sept yeux qui sont les sept esprits de Dieu
envoyés sur toute la Terre.
Apocalypse de Jean
Argus, le gardien au cent yeux |
L'Histoire commence quand Prométhée, qui venait de donner le feu aux Hommes, vit venir vers lui un étrange animal, qu'il reconnut aussitôt comme Io, une jeune prêtresse dont Zeus était tombé amoureux. Elle lui raconta que la femme de Zeus, Héra était très jalouse d'elle, ce qui poussa Zeus à se cacher avec Io en enveloppant la Terre d'un nuage épais et sombre. Héra chercha son époux dans les cieux puis descendit sur Terre en ordonnant au nuage de disparaître. Elle vit aussitôt Zeus qui se tenait à côté d'une ravissante génisse blanche qu'il affirma ne pas connaître, mais qui était Io qu'il venait de changer en animal. Héra demanda la génisse à Zeus qui dut se résoudre à lui donner. Héra alors confia Io à Argus, un gardien géant qui possédait cent yeux (Argus panoptès, celui qui voit tout). Il pouvait dormir en ne fermant que quelques yeux et en gardant les autres ouverts. Devant la détresse de Io, Zeus alla trouver son fil Hermès, le messager des dieux, et lui demanda de trouver un moyen de tuer Argus. Déguisé en paysan, Hermès alla trouver Argus et réussit à raconter une histoire suffisamment ennuyeuse pour endormir le gardien. Tous ses yeux se fermèrent alors, ce qui permit à Hermès de couper la tête d'Argus. Héra fut désespérée de cette mort et prit les yeux d'Argus pour les répartir sur le plumage de son animal favori, un paon, qui en garda à tout jamais l'image. De dépit, Héra envoya un taon qui devait piquer sans cesse Io, à la rendre folle. La mer qu'elle longera dans son délire affolé sera un jour appelée Ionienne, et en son honneur le Bosphore, le gué de la vache, rappelerait que Io avait traversé à cet endroit, dans sa course éperdue qui l'amènerait à rencontrer Prométhée sur le Caucase. De nos jours encore, un argus est celui qui voit tout, qui sait tout. |
Le terme séraphin vient du mot hébreu seraphim qui signifie "les brûlants " car ces créatures bibliques peuvent utiliser le feu dont elles brûlent pour exprimer la colère de Dieu et devenir alors destructrices.
Le séraphin occupe le premier rang dans la hiérarchie des anges qui a été atttribuée à Denys l'Aréopagite. Mais celui-ci vécut au Ière siècle, alors que les textes sont apparus au Vème siècle. On ne sait donc pas qui a créé cette organisation des anges.
On décrit :
Le séraphin a six ailes: une paire couvre son visage, pour éviter la contemplation directe de Dieu, qui est une chose impossible pour tous, et même pour eux. Une paire d'aile lui couvre les pieds (euphémisme correspondant aux parties sexuelles, la question du sexe des anges étant ainsi résolue), et une paire lui sert à voler.
Les six ailes sont parsemées d'yeux de gloire.
Certaines représentations des chérubins ajoutent aussi des yeux de gloire sur leurs ailes.
(Fama en latin et Phème en grec)
Virgile fit une description de la Rumeur dans l'Enéide, et la décrit comme couverte d'yeux qui voient tout:
"La Renommée, toujours à l'affût, répandant partout le vrai et le faux, divulgue à travers la Libye la liaison de Didon et Énée (173-195). Finalement la nouvelle parvient à Iarbas, le prétendant éconduit de Didon; fou de rage, le roi, fidèle adorateur de Jupiter, reproche au dieu cette situation imméritée (196-218).
Aussitôt, la Renommée parcourt les grandes villes de Libye, la Renommée, de tous les maux le plus véloce : la mobilité accroît sa vigueur et la marche lui donne des forces; petite d'abord par peur, elle s'élève bientôt dans les airs, et, tout en foulant le sol, tient la tête cachée dans les nuages. La Terre sa mère, par colère contre les dieux, l'a mise au monde pour donner, selon la légende, une dernière soeur à Céus et Encélade; rapide car dotée de pieds et d'ailes agiles, monstre horrible, gigantesque; autant porte-t-elle de plumes sur son corps, autant possède-t-elle sous ces plumes d'yeux vigilants, autant de langues, autant de bouches sonnantes, autant d'oreilles dressées. La nuit, elle vole entre le ciel et la terre, grinçant dans l'ombre, et ne ferme point les yeux pour se livrer au doux sommeil; Le jour, elle guette, postée au sommet d'un toit ou sur de hautes tours, et sème la terreur dans les grandes cités, opiniâtre messagère d'inventions, de faux et de vérité."
ou en latin:
"Extemplo Libyae magnas it Fama per urbes -Fama, malum qua non aliud velocius ullum; mobilitate viget, viresque adquirit eundo, parva metu primo, mox sese attollit in auras, ingrediturque solo, et caput inter nubila condit. Illam Terra parens, ira inritata deorum, extremam (ut perhibent) Coeo Enceladoque sororem progenuit, pedibus celerem et pernicibus alis, monstrum horrendum, ingens, cui, quot sunt corpore plumae tot vigiles oculi subter, mirabile dictu, tot linguae, totidem ora sonant, tot subrigit aures. Nocte volat caeli medio terraeque per umbram, stridens, nec dulci declinat lumina somno; luce sedet custos aut summi culmine tecti, turribus aut altis, et magnas territat urbes; tam ficti pravique tenax, quam nuntia veri."
Ovide, dans Les Métamorphoses, reprend ce thème de La Renommée (XII, 39-63) et le développe, comme le feront plus tard différents peintres (Lorenzo Lotto par exemple).
"Une foule empressée sans cesse assiège ces portiques, sans cesse va, revient, semant mille rumeurs, amas confus de confuses paroles, mélange obscur du mensonge et de la vérité. Les uns prêtent une oreille attentive à ces récits frivoles; les autres les répandent ailleurs. Chacun ajoute à ce qu'il vient d'entendre, et le faux croît toujours. La résident la Crédulité facile et l'Erreur téméraire, la vaine Joie, la Crainte au front consterné, la Sédition en ses fureurs soudaine, et les Bruits vagues qui naissent des rapports incertains. De là, la Renommée voit tout ce qui se passe dans le ciel, sur la terre, et sur l'onde, et ses regards curieux embrassent l'univers."
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Mahakala, le protecteur
Dans la religion bouddhiste, Mahakala représente une divinité qui a une fonction de protection des individus. Son aspect farouche et grimaçant a pour but d'éloigner de nous les situations adverses et donc de nous protéger. Cette divinité est une émanation de Bouddha et témoigne de l'énergie de la compassion de Bouddha pour les Hommes.
Mahakala prend différents aspects mais est souvent représenté dansant au milieu de flammes, "paré d'ornements funéraires (symboles de la mort de l'égocentrisme), brandissant diveses armes, roulant d'énormes yeux et découvrant ses canines, la divinité veille, farouchement sur la sécurité de ceux qui avancent sur le chemin spirituel, prête à écarter les obstacles qui se dresseraient devant eux".
Dorjey Drolo
Dorjey Drolö (ou Droloe) est une divinité tibétaine qui est ici montrée sous une de ses formes secrètes, armée du poignard sacrificiel ( phur-bu) et de la foudre (rDo-rje) dans la main droite.
Son corps parsemé d'yeux jaunes fait référence aux étoiles de la nuit.
Muhâmâyuri est une déesse de la religion bouddhiste, qui ressemble à Argus car elle est considérée comme la déesse paon. On voit en effet la tête de cet animal au sommet de sa tête. Elle représente une des représentations des formules protectrices (mantra) régulièrement invoquée par les bouddhistes.
Nous ne ferons qu'évoquer l'histoire de Indra qui fut condamné par Gotama à porter 1000 vagins (yonis) que les brahmanes transformèrent en en autant d'yeux. Ce fut la punition qui lui fut imposée après avoir séduit la femme de Gotama, en ayant pris l'aspect de son mari.
Grossato Alessandro Le livre des symboles Les métamorphoses de l'humain entre l'Orient et l'Occident 2000 Editions du Rocher
Hamilton Edith La Mythologie 1978 Editions Marabout
Huxley Francis L'Oeil Mythes et métamorphoses 1992 Editions du Seuil
Olivier Philippe Les Séraphins et les Chérubins. 2000 Editions de Vecchi