Spationautes

Avertissement

Nous remercions vivement le Professeur Corbe pour son aide dans l'écriture de ce texte (Centre Principal d'Expertises Médicales du Personnel Navigant de l'Aéronautique- Service d'ophtalmologie- Paris). Août 1999.

Ces normes oculaires s'adressent aux spationautes qui restent dans l'espace pendant des périodes courtes de quelques jours (missions américaines) ou des périodes plus longues de quelques mois (missions russes).

Avec l'avènement de la station internationale ALPHA nous allons assister à des voyages beaucoup plus longs, par exemple de un à deux ans pour les voyages vers Mars. De nouvelles normes ophtalmologiques vont être édictées. Nous les placerons ici dès qu'elles seront officielles.

Toute chirurgie réfractive (pour la myopie...) rend les personnes inaptes pour l'espace, car des inconnues persistent actuellement sur l'effet des radiations spatiales et, en particulier, des ions lourds.

Voyage vers Mars

Critères médicaux de sélection et d'expertise
annuelle des spationautes français

Catégories de spationautes

Trois catégories de candidats peuvent être sélectionnées pour occuper la fonction de spationaute .

Type I

Les spationautes de cette catégorie seront dénommés pilotes. Ils seront appelés à commander une mission, à piloter un véhicule spatial. Ils seront au poste de pilotage du véhicule spatial lors du lancement et du retour du véhicule. Ils ont une responsabilité opérationnelle dans le fonctionnement du système et le déroulement de la mission.

- Aux Etats-Unis, cette catégorie est la classe I de la NASA, les Pilots Astronauts.

- En Russie, cette catégorie correspond aux Cosmonautes Pilotes.

Type II

Les spationautes de cette catégorie seront dénommés spécialistes missions ou ingénieurs de bord. Ils auront une responsabilité opérationnelle dans le fonctionnement du système. Ils ne seront pas au poste de pilotage du véhicule spatial lors du lancement et du retour du véhicule.

- Aux Etats-Unis, cette catégorie est la classe II de la NASA : Mission Specialist.

- En Russie, ce sont les Cosmonautes Ingénieurs de bord.

Type III

Les spationautes de cette catégorie seront dénommés expérimentateurs ou passagers. Ils ne seront pas au poste de pilotage du véhicule spatial lors du lancement et du retour. Ils n'auront pas de responsabilité opérationnelle. Cette catégorie correspond à la classe III de la NASA, Payload Specialist aux Etats-Unis, et à la catégorie Cosmonaute Investigateur en Russie.

Causes d'inaptitude

Types I, II, III

Toute affection du globe oculaire, des voies lacrymales ou des paupières entraînant ou risquant d'entraîner une gêne fonctionnelle de la vision. Parmi ces affections, nous citons :

1. Anomalie des paupières

• ne permettant plus la protection complète de l'oeil
• adhérence de la paupière au globe oculaire
• blépharite chronique gênant la fonction visuelle.
• blépharospasme.
• ptosis gênant la vision.
• éversion ou inversion des paupières.
• excroissance ou tumeur des paupières (à l'exception de petites excroissances bénignes non évolutives).

2. Calcul lacrymal antécédent ou apparition.

3. Ephiphora.

4. Conjonctivite aiguë jusqu'à résolution.

5. Conjonctivite chronique.

6. Trachome.

7. Xérophtalmie.

8. Ptérygion dépassant de la cornée de plus de 3 mm et gênant la vision.

9. Ptérygion en évolution.

10. Kératite en évolution (aiguë ou chronique).

11. Ulcère de la cornée ou antécédents d'ulcères récurrents (comprenant les atteintes herpétiques).

12. Anomalie de vascularisation de la cornée, opacification entraînant une gêne fonctionnelle ou en évolution.

13. Dystrophie de la cornée de tout type (en particulier kératocone).

14. Inflammation du tractus uvéal en évolution (aiguë ou chronique) ou à répétition.

15. Séquelles uvéites avec retentissement fonctionnel.

16. Séquelles d'intervention chirurgicale sur la cornée.

17. Antécédent ou découverte de décollement de rétine.

18. Dégénérescence rétinienne innée ou acquise atteignant la macula.

19. Rétinite en évolution (jusqu'à résolution).

20. Choriorétinite en évolution (jusqu'à résolution).

21. Névrite optique, neurorétinite ou névrite rétrobulbaire (antécédent ou en évolution).

22. Atrophie du nerf optique.

23. Oedème de la papille.

24. Aphakie.

25. Opacité du cristallin entraînant une gêne fonctionnelle ou en évolution.

26. Fragmentation, même partielle, du cristallin.

27. Tumeurs bénignes ou malignes de l'oeil ou de la cavité orbitaire.

28. Exophtalmie

29. Diplopie.

30. Hémianopsie.

31. Réflexe pupillaire anormal.

32. Anophtalmie ou microphtalmie.

33. Toute atteinte de l'oeil et des annexes entraînant une altération de la fonction visuelle.

34. Colobome de la choroïde ou de l'iris.

35. Port de lentilles de contact.

36. Les examens spécialisés pour les deux catégories de spationautes devront satisfaire les normes précisées ci-dessous :

- L'acuité visuelle et réfractométrie standard.

Types I et II

• Visite de sélection
  Acuité vision lointaine :
  3/10 sans correction
  10/10 avec correction (pour les 2 yeux)
• Visite annuelle
  Acuité vision lointaine
  2/10 sans correction
  10/10 avec correction (pour les 2 yeux)
• Visite de sélection et annuelle
  Acuité vision rapprochée
  10/10 avec correction (pour les 2 yeux)
• Réfractométrie (visite de sélection et annuelle)
  de - 3,50 dioptries à + 4 dioptries.
  Astigmatisme 3 dioptries
  Le pouvoir d'accommodation sera satisfaisant en vision intermédiaire et rapprochée après correction éventuelle .

Type III (visite de sélection et annuelle)
Acuité visuelle :
Vision lointaine : 5/10 avec correction pour l'oeil le plus faible.
Vision rapprochée : 5/10 avec correction pour l'oeil le plus faible.
Aucune limite de réfractométrie n'est précisée pour les spationautes de type III.

Champ visuel :
Spationaute types I et II : réduction sur tous les méridiens pour chacun des yeux supérieure à 15°.

Spationaute type II : réduction sur tous les méridiens pour chacun des yeux supérieure à 30°.

Scotome (autre que physiologique)

Sens spatial (visite de sélection et annuelle)

• ésophorie à 6 dioptries
• exophorie à 10 dioptries
• hyperphorie à 1 dioptrie
• PPC 8 cm
• vision dit relief normale
• vision binoculaire normale
• sens de la profondeur normal.

Sens lumineux (visite de sélection et annuelle)

• Récupération insuffisante de l'acuité visuelle après éblouissement central et latéral.

Seuil morphoscopique nocturne supérieur à 0,13 b/hm2

Sens coloré : visite de sélection.

Erreur(s) aux tables d'Ishihara ou lors d'identification des feux colorés présentés à la lanterne chromoptométrique de Beyne en 1 seconde, sous ouverture de 3'.

37. - Glaucome avec une pression intra-oculaire au-dessus de 30 mm de Hg ou une modification secondaire du disque optique ou du champ visuel.

38. - Pré-glaucome avec pression intra-oculaire au-dessus de 22 mm de Hg ou une différence de 4 mm d'Hg ou plus entre les deux yeux.

Conclusion

La connaissance de ces exigences aéronautiques est intéressante par le fait que de nombreux jeunes aspirent à ces métiers et qu'il est nécessaire de dépister très vite des anomalies incompatibles avec les spécialités envisagées, sous peine non seulement de déceptions psychologiques, mais aussi de mauvaises orientations scolaires. Il serait sage que, pour ces étudiants, une prévisite de dépistage se déroule dans le cabinet d'un ophtalmologiste à la fin de la seconde et en terminale. .

Centre Principal d'Expertises Médicales du Personnel Navigant de l'Aéronautique - Service d'Ophtalmologie - PARIS